L'EMDR est une thérapie brève qui traite les traumatismes récent ou anciens à partir de mouvements oculaires. Emdr signifie en français « désensibilisation et retraitement de l’information par mouvements oculaire », Cette méthodethérapeutique, reconnue par l’OMS depuis 2013 agit sur le fonctionnement neurologique en rétablissant la capacite du cerveau à traiter l’information. L’Emdr est aussi efficace pour soigner les troubles psychologiques tels que les phobies, les troubles anxieux, les manifestations dépressives, les addictions, parce qu’ils découlent d’évènements de vie douloureux et répétitifs. Pourquoi un traumatisme vécu dans le passé, continue à perturber notre équilibre dans notre vie actuelle ? Quand les conditions de l’environnement sont suffisamment bonnes et que la personne est suffisamment en sécurité, le psychisme assimile les expériences pour en faire des apprentissages et des souvenirs, le cerveau peut traiter les informations dans la mémoire dite explicite. En revanche, Si un évènement nous déborde émotionnellement ou qu’il menace notre sécurité physique ou psychique, notre cerveau met notre organisme en mode survie, le niveau de stress est trop élevé, l info n’est pas traitée, le trauma est stocké sous une forme brute, non assimilé fait de sensations corporelles, d’images, de sons. Ainsi lorsqu’une situation nous rappelle le trauma ou lorsque celui-ci est évoquéverbalement ou mentalement, les mêmes sensations, émotions et pensées vont se déclencher a notre insu. L’Emdr facilite le traitement des éléments non assimilés pour les encoder dans la mémoire explicite, lieu de la mémorisation consciente et verbale des infos. Comment se déroule une séance d Emdr ? Une séance dure 1h30, le thérapeute applique un protocole composé de 8 phases. Je vais résumer ces 8 phases en 3 étapes : La 1ere étape est l’identification de l’évènement traumatique qui contient une croyance négative sur soi-même appelée cognition négative L’art du thérapeuteici est de guider le patient vers l’évènement au cœur de la souffrance et de l’amener à trouver la cognition négative qui a des répercussions sur son équilibre psychique actuel. Le psychologue a pris soin d’installer un cadre thérapeutique sécurisant sur lequel le patient peut s’appuyer. Prenons le cas de Pierre, il ne supporte plus d’êtreterrifiéal’idée de prendre la parole en réunion, de s’exprimer au sein d’un groupe. A chaque exposition au groupe ou appréhension de ces situations, apparaissent despalpitations, des tremblements, inhibition de la parole, honte, évitement, évoquant une phobie sociale. C’est une expérience à l’école primaire dont le souvenir est flou qui est retenu, il recite une poésie au tableau. La cognition négative est « Je ne suis pas normal comme les autres, je suis ridicule ». Cette opinion de lui-même est ancrée quand il est question de s’exprimer devant les autres. La 2eme étape est la désensibilisation de la charge émotionnelle associée au trauma Des séquences de mouvements oculaires, appelés Stimulations bilatérales et alternatifs (réalisés à l’aide d’un appareil), diminuent la charge émotionnelle. Le patient commence les séquences de mouvements oculaires alternant de gauche à droite tout en s’exposant mentalement au trauma : Pierre laisse venir ce qui lui vient sans effort. Des images défilent, le regard des élèves, la salle de classe, l’estrade, il a des palpitations, il se sent ridicule. A la deuxième séquence, il voit la maitresse qui tire les oreilles de l’enfant qui ne connaissait pas sa poésie, les rires moqueurs des enfants. Il ressent la panique dans son corps, la colère contre la maitresse. Au fur et à mesure que les sensations physiques, émotions, images, remontent à la conscience le corps s’apaise avec les séquences de mouvements oculaires. Lorsque les ressentis pénibles se dissocient de l’événement, le retraitement de l’info est rendu possible. La 3eme étape est le traitement adaptatif de l info L’événement dissocié des ressentis pénibles, est mémorisé en mauvais souvenir et devient une expérienced’apprentissage. On parle de traitement de l’info adaptatif Des associations d’idées donnent de nouvelles connexions neuronales pour trouver une perception plus juste nommée cognition aidante ou positive Pierre change la perception de cette expérience« je suis une victime collatérale c’est le comportement de la maitresse qui n’est pas normal, elle a humilié l’autre garçon, je l’ai pris pour moi ». Le trauma n’est plus stocké sous une forme brute mais encodé dans la mémoire explicite La séance se termine quand la cognition aidante ou positive est validée et qu il ne reste aucune perturbation corporelle. Pierre teste « je me sens normal, je sais m’exprimer » sur l’événement traumatique grâce aux mouvements oculaires. Une deuxième séance sert à réévaluer le changement et à maintenir les effets thérapeutiques. Pierre teste sa cognition positive « je me sens normal, je sais m’exprimer » sur un évènement à venir : la futur prise de parole en public dont la date a été fixée par son manager. Lors de sa prise de parole, pierre a ressenti le trac les premières minutes sans la panique. La thérapie prend fin lorsque l’évocation du traumatisme ne suscite plus la détresse, il est perçu sous un angle nouveau et le corps reste tranquille.
Myriam Ott
Psychologue clinicienne
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